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12. L'après-guerre

Pendant plusieurs années, des difficultés considérables persistent.
Du fait de la guerre et de ses conséquences, le franc s’est extrêmement dévalué, et l’inflation galope : en 20 ans, entre 1939, veille de la guerre, et 1959, création du « nouveau franc », le franc a perdu environ 97 % de sa valeur.
Les prix augmentent sans cesse ; en un an, par exemple, le budget de la commune double (165 000 francs en 1945, 306 000 francs en 1946).  
En 1947, le Maire fait mettre en place un grand tableau noir où la population pourra venir s’informer chaque jour des derniers « cours des Halles ». On manque de recettes, on en cherche de tous côtés.
On augmente les prix des concessions au cimetière, on instaure une taxe par hectare de bois, on cherche à accroître le loyer de la poste, on envisage d’instituer une taxe au tonnage (en fait, un péage !) pour les utilisateurs de certains chemins, et d’augmenter la taxe de « visite » (le poinçonnage) des viandes…

On ira jusqu’à prévoir une taxe additionnelle de 100 francs sur les propriétaires de plus de deux chiens, mais cela sera rejeté au contrôle préfectoral.

De nombreuses familles sont dans le dénuement. Le gouvernement crée les cartes d’ « économiquement faible ».
La Mairie de Soisy, par exemple, en accordera à 17 personnes  pour l’année 1950.
Le prix du pain est une question très sensible ; il est fixé par l’Etat, comme celui de nombreuses autres denrées. Comme Soisy est considéré comme une « zone rurale », ce prix y est de 40 francs par kg en 1950.
 
Travaux et logement
Le projet d’adduction d’eau refait surface en Août 1945, dans le cadre d’une association intercommunale qui regroupe Moigny, Courances, Dannemois, Soisy, et Saint-Germain, mais il faudra attendre Juin 1948 pour que le Syndicat intercommunal correspondant soit constitué. La loi du 18  Avril 1949 facilite le financement de ce projet, dont le coût pour l’ensemble des communes est de l’ordre de 76 000 000 francs. Après les subventions de l’Etat et du Département, il leur restera à financer 25 000 000 francs, couverts par emprunts. En Août de la même année, le projet est approuvé ; les travaux vont commencer en Février 1951. Soisy vote les impositions qui seront appliquées à partir de 1950 pour financer sa part. Il était temps : en 1950 une analyse montre que l’eau du puits communal n’est pas potable…

Les bâtiments communaux ont besoin de travaux en urgence : on empruntera 200 000 francs.

Une crise aigüe du logement survient dans les années d’après guerre. A Soisy comme ailleurs, la Mairie reçoit de nombreuses demandes. Les gouvernements successifs s’efforcent de combattre cette crise par plusieurs moyens ; il y a les réquisitions de logements (ou de parties de logements) inoccupés. Ces réquisitions se font à l’initiative de la Mairie, en fonction des dossiers des demandeurs et sous le contrôle de la Préfecture ; elles donnent souvent lieu à des incidents.
A la demande de la préfecture, on crée un service « d’échange de logements », pour mieux adapter la taille des logements à celle des familles. En 1952 le Préfet ordonne un recensement des immeubles vacants : à Soisy c’est le cas, par exemple, de la gare du Tacot, qui vient d’être désaffecté et dont on est en train d’enlever les voies. En 1954, la commune décide d’acheter ce bâtiment pour 750 000 francs, en cinq annuités, et de le louer.
Peu après, en 1955, un habitant demande à pouvoir utiliser comme habitation l’ancien hangar du Tacot.

La population de Soisy était restée stable pendant plus d’un siècle : 531 habitants en 1831, 543 en 1911, 569 en 1936, 558 en 1954 ; mais à partir de cette date elle va croître rapidement, et atteindre 830 habitants en 1975, et 1311 en 1990. Cet accroissement va alors se stabiliser (environ 1360 habitants en 2010).

L’école se trouve surchargée ; en Mai 1956 l’instituteur fait valoir qu’elle compte 97 élèves répartis en deux classes seulement : l’une de 36 élèves, l’autre de 61 élèves ! Il demande la création d’une troisième classe. Le conseil acquiesce, et vu l’urgence il demande des subventions pour un « préfabriqué » ; en l’attente, on décide d’utiliser la salle communale dite « salle des ventes », d’environ 60 m2, qui ouvre sur la cour de l’école de garçons. Comme les mêmes besoins surgissent partout en France, on a développé un projet, dit « Ecole prototype », qui comprend une classe, un préau, des toilettes ; le conseil municipal en approuve la commande d’un exemplaire. Le budget global représente 4 800 000 francs, largement subventionnés, et l’on empruntera les 1 200 000 francs restant à charge.
 
La commune doit continuer à se moderniser. Les préoccupations d’hygiène et de sécurité croissent. Avant même d’avoir l’eau courante, on a créé un réseau interne de distribution d’eau sous pression (alimenté par une pompe dans un puits) à l’école et au bureau de poste. En 1948, on décide d’emprunter 1 000 000 francs pour l’achat de divers matériels de lutte contre l’incendie, dont une motopompe, et encore 1 000 000 francs pour l’entretien des chemins communaux. Lors de sécheresses, on a manqué d’eau de puits pour remplir le matériel des pompiers. En attendant l’adduction d’eau, on envisage de construire, en divers endroits de la commune, quatre réservoirs d’eau de 70 m3 chacun, alimentés par la collecte des eaux de pluie. Ce projet reste sans suite.
 
Ces difficultés pèsent sur les élus, comme le montre cette anecdote : après les élections municipales de 1953 M. Ordioni, ayant été réélu Maire, s’adresse aux nouveaux élus, leur dit « …qu’ils devront consacrer à la commune une partie de leur temps et que parfois, malgré toute leur bonne volonté, ils seront critiqués…», et leur recommande de ne pas se décourager…
 
L’urbanisme
En Mai 1953, on systématise l’enlèvement des ordures ménagères : elles seront désormais régulièrement enlevées, deux fois par mois.
En 1954, on prend connaissance du tracé du pipe-line qui va traverser la commune et doit passer place du monument aux Morts, « ce qui entraînera le déplacement du Calvaire ».
En 1957, le Maire note que depuis 1945 environ 20 maisons neuves ont été construites, et que d’autres constructions sont contrariées par l’ancien « périmètre d’agglomération ». Il demande à « l’Administration », alors seule compétente en la matière, de revoir et d’étendre ce périmètre. Ce dossier fera l’objet de nombreux allers-retours entre la commune et l’Administration ; il s’agit de trouver la juste mesure de l’extension. En effet la loi dispose alors que la commune doit assumer tous les frais d’urbanisation dans tout ce périmètre : viabilité, réseaux, etc… Donc, plus on l’étend et plus la commune devra faire face à des travaux coûteux.

En 1964 la municipalité s’inquiète de la multiplication des demandes de construction présentées comme « abris de jardin », et la Direction Départementale de l’Urbanisme exige le respect de la réglementation…
Cette question, et celle du stationnement des caravanes, vont devenir récurrentes.

En Juin 1969, la municipalité prend connaissance du projet d’aménagement du domaine des Réaux, présenté par la société « Unité et Retraite ». La DDE, qui a alors la compétence pour les permis de construire, donne son accord préalable le 28 Octobre 1969. Par la suite, les lois de décentralisation donneront aux maires le pouvoir de décision sur les permis de construire. Celui de Soisy récupèrera donc ce pouvoir en 1984, après l’approbation du Plan d’Occupation des Sols (POS), mais la commune continuera néanmoins à se faire aider par les services de la DDE pour l’instruction des dossiers.
 
Divers
En Septembre 1945, le conseil municipal vote une subvention de 8400 francs pour célébrer le retour des prisonniers de guerre ; la même année, on fixe la fête Patronale de la commune au dernier Dimanche de Septembre.
Le 4ème escadron du 1er RBFM est cantonné quelques temps sur la commune ; ce Régiment Blindé de Fusiliers Marins a appartenu à la célèbre 2ème Division Blindée du Général Leclerc lors de la libération du territoire.
Les gouvernements successifs veulent encourager la natalité ; pour suivre les directives, le conseil municipal vote diverses primes à cet effet. L’après guerre voit se développer le camping ; en 1947, le conseil municipal se plaint de la tenue « débraillée, et contraire à la moralité » de nombreux campeurs.                                       

On commence à se préoccuper de la qualité des cours d’eau ; en 1961 est créé le Syndicat intercommunal d’études et d’aménagement de la vallée de l’Ecole.

L’automobile se répand : de ce fait, en 1961, la municipalité met en place le stationnement unilatéral alterné par quinzaine.
La « Lyre », orphéon de Soisy, cesse son activité en 1967 ; son drapeau est conservé à la Mairie.
En 1972, le Directeur de l’école quitte son poste ; or, comme ses prédécesseurs, il faisait aussi fonction de secrétaire de Mairie. Etant donné la charge administrative croissante de la Mairie, il est décidé d’embaucher désormais une personne spécifique pour cet emploi.
 
Ainsi s’achèvent, avec le début des années 1970, ces « Eléments d’Histoire » de Soisy-sur-Ecole, car la suite est encore trop récente pour prendre place dans une chronique du passé. Ce passé, d’ailleurs, peut toujours nous réserver des surprises…

Avant de conclure, mentionnons simplement qu’après 1970, les grands dossiers de la commune ont concerné la réalisation du réseau d’assainissement, le développement urbain autour du bourg ancien, la construction du stade, l’extension du cimetière….sans oublier le considérable travail de restauration de l’église, qui fut entrepris à l’initiative des Soiséens, et accompli en majeure partie par eux, bénévolement, de 1983 à 1988.
 
L’histoire de notre petit bourg rural, et sa transformation, ont suivi celles du pays tout entier : à l’époque de la Révolution, les trois quarts des français actifs travaillaient dans l’agriculture; à la veille de la guerre de 1914-1918 ils étaient encore 40 % et aujourd’hui moins de 3%. Le nombre de fermes a beaucoup diminué pendant que la taille des exploitations augmentait ; la population s’est modifiée, de nombreux commerces ont disparu. Le chemin de fer, le télégraphe, le téléphone fixe, l’électricité, l’automobile, l’eau courante sont successivement arrivés, suivis par l’assainissement, le téléphone mobile, internet, et bientôt par la fibre optique…
 
Plus récemment, la volonté de l’Etat de rassembler les communes s’est traduite par la création de notre Communauté de Communes, la CC2V, d’abord à six, puis à quinze communes. Beaucoup de décisions, parmi les plus importantes, se prennent désormais à ce niveau.

Ce n’est certes pas la fin de l’Histoire de Soisy-sur-Ecole, mais c’est le début d’une  histoire différente…

 
Claude Alard, conseiller municipal
Septembre 2019