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De la guerre de 1870 à celle de 1914, les préoccupations des Soiséens et de leur conseil municipal restent pour beaucoup les mêmes qu’avant 1870: routes, bâtiments communaux (écoles et mairie), ressources ordinaires insuffisantes, recours aux contributions additionnelles et aux emprunts.

Les routes : il serait fastidieux de rappeler les nombreuses délibérations consacrées à la création ou à l’entretien des routes et chemins. En voici juste un exemple : en 1896, on vote la création du chemin de Soisy au Moulin des Noues, pour un coût de 7290 francs (voir Nota) : le Département et l’Etat apportent 2890 francs, la commune 4400, dont 1800 sous forme de matériaux dont elle dispose, et 2600 qu’elle emprunte.

Les écoles et la mairie : les deux sujets sont étroitement liés.

On a vu précédemment qu’en 1876 le conseil municipal avait voté la création d’une école séparée pour les filles, et peu après l’achat d’un terrain. Il restait à construire... En Juin 1878, le conseil approuve les plans, et le devis qui se monte à 14525 francs, que l’on prévoit de financer par un emprunt de 9000 francs et une augmentation d’impôts.

Le 7 Février 1879, le conseil municipal vote la gratuité absolue pour les élèves de la commune (il est donc en avance sur la première loi de Jules Ferry, qui instaurera cette gratuité en 1881). Un an plus tard, en Février 1880, en conséquence de cette gratuité, qui met fin aux « rétributions » payées par les familles, le conseil revoit le traitement de l’instituteur, qui est fixé à 1302 francs annuels, et celui de l’institutrice, fixé à 900 francs. Le même jour, le conseil considère que la construction de l’école de filles, au lieu dit le « Clos des Bordes », va substantiellement diminuer la surface de ce lieu, qui sert de place publique, et décide donc d’y annexer une partie du jardin du presbytère, situé à côté de l’église.

En Mai 1881, le conseil constate que le coût des travaux de l’école des filles s’est en fait élevé à 16709 francs, nettement plus que prévu. En outre, d’autres dépenses urgentes sont à prévoir : il faut séparer l’école des garçons de celle des filles (2300 francs), de ce fait le préau de l’école des garçons est à modifier (1300 francs), il faut acheter du mobilier (2050 francs), et reconstruire la buanderie du presbytère, liée à la partie de jardin annexée (1500 francs). Bref, il manque environ 10000 francs...et on supplie le Préfet d’obtenir une subvention : La commune ne reçoit qu’un « secours » de 4700 francs. D’où une nouvelle supplique : 500 francs sont encore accordés, puis 1000 francs pour le mobilier. Le solde fera l’objet d’un nouvel emprunt.

En 1882, la seconde loi de Jules Ferry a rendu l’enseignement (et non pas la scolarisation) obligatoire, et la commune a créé une commission scolaire.

En Septembre 1884, on ouvre des cours du soir, donnés par les instituteurs : nouvelle demande de subvention, pour rémunérer ces cours.

En 1887, la commune décide d’accorder un supplément de rémunération de 350 francs par an aux instituteurs. Ce n’est qu’en 1889 que la loi du 19 Juillet fera des instituteurs des fonctionnaires d’Etat, payés par le Trésor Public, et non plus par les communes – à l’exception, dans un premier temps, des agglomérations de plus de 10000 habitants...
Le problème des bâtiments des écoles resurgit : le 16 Septembre 1894, le conseil municipal constate que la reconstruction des écoles et de la mairie s’impose, « par suite de la vétusté et l’insuffisance des édifices actuels ».Il demande que des plans et devis soient établis....

Sept ans se passent. En Janvier 1901, le conseil constate que l’école de garçons et la mairie « menacent de s’écrouler ». On accepte alors les plans et devis existants, pour un montant de 30900 francs ; manifestement, il s’agit là d’un projet exceptionnel, car il représente alors environ deux années de recettes de la commune. On prévoit 19500 francs à charge de la commune, et des subventions espérées de l’Etat et du Département. En attendant que ces subventions soient obtenues, la commune envisage d’emprunter 29648 francs au Crédit Foncier de France. Les subventions étant accordées, mais en partie seulement, on finalise l’emprunt pour 20000 francs en Juin de la même année.

Il faut croire que les choses vont alors vite car, le 12 Novembre 1902, le conseil municipal vote des remerciements au Maire et à la Commission des travaux pour la surveillance efficace exercée pendant les travaux de l’école et de la mairie. Entre temps, en Juin 1902, on a acheté un terrain pour agrandir la place publique et dégager les alentours de l’école et de la mairie.


Le cimetière : en 1889, on décide de l’achat d’un terrain de 1390 m2, au prix de 0,28 francs par m2, pour agrandir le cimetière, dont la superficie sera ainsi portée à 3500 m2. On votera aussi 3343 francs de travaux pour cet agrandissement et la réparation du cimetière existant.

L’entretien de l’église:

Dès 1884, il apparaît nécessaire de refaire la couverture de l’église ; l’argent manque...
En Février 1886, on obtient un devis : 11058 francs, qu’on envisage de trouver par un emprunt de 3000 francs à la Caisse des Dépôts et une demande de subvention pour le reste; en Août la commune accepte de porter sa participation à 5000 francs, et la subvention est accordée au début de 1888. Les travaux sont alors exécutés.

La loi de Séparation des Eglises et de l’Etat (1905) modifie peu la responsabilité de la commune envers le bâtiment de l’église, dont elle est déjà propriétaire depuis la Révolution ; mais désormais l’Etat et les communes n’assurent plus les traitements des ministres des cultes (curés, pasteurs...)

Il y a d’autres sujets de préoccupation : pauvreté, santé, sécurité....


La commune équipe ses pompiers : le conseil vote en Juin 1896 l’achat d’une pompe à incendie auprès de M. Thirion, ingénieur- constructeur à Paris : 800 francs (dont 300 de demande de subvention).

En 1889, on vote l’acquisition d’un petit local de secours pour l’accueil des « voyageurs indigents ». On l’achète un an plus tard pour 392 francs.

Un service départemental de médecine a été créé. Chaque commune détermine la liste des « indigents » qui en bénéficieront gratuitement, et paie au Département 1,50 franc par an et par inscrit. Le nombre croît régulièrement, puis diminue. En 1888, Soisy paie pour 8 personnes ; en 1893, 18 personnes ... 25 en 1897...18 en 1904...11 en 1913.

En parallèle, Soisy décide en 1892 de participer à un service départemental hospitalier ouvert aux communes qui ne disposent pas d’hôpital. Selon l’importance des communes, le Département prendra en charge entre 40 et 90 % des frais d’hospitalisation des « nécessiteux ». Soisy compte alors 597 habitants, et le Département prendra en charge 70 % de ces frais.

Semblablement, le conseil municipal vote des secours individuels ; il y a des cas très dramatiques : en 1897 un veuf, tuberculeux, demande le placement de ses deux enfants à l’asile départemental de l’enfance...On accorde 45 francs pour aider à domicile un « vieillard très misérable » ... On assure le placement d’une veuve sans ressources en asile de vieillards.
L’histoire de notre village est également faite, au fil des années, de quelques faits divers et anecdotes :

En 1840 le Conseil Municipal, constatant l’apparition depuis plusieurs années d’un marché informel à Soisy, demande au Préfet l’autorisation d’y instaurer un marché officiel ; le Préfet refuse.

Le 25 Mars 1869, un incendie détruit en grande partie le Moulin des Réaux : 5 à 6000 francs de dégâts. Au début de 1870, un autre incendie ravage une petite boutique de nouveautés de mode (corsets, rubans, dentelles) ; l’assurance remboursera pour 2775 Francs de dégâts.

Le 18 Mai 1871, « une gelée à glace » ravage complètement les arbres fruitiers et les vignes (car Soisy, comme une bonne partie du bassin Parisien à l’époque, produisait du vin).

Le conseil est parfois amené à accorder (ou à refuser) des Certificats de bonne conduite nécessaires, par exemple, pour qu’une personne condamnée à une peine légère, pour des motifs tels que rébellion ou outrage à la pudeur, puisse être réhabilitée.

Le 20 Février 1906, le conseil municipal décide de changer la date de la fête Patronale de Soisy-sur-Ecole. Elle avait lieu jusque là le dernier Dimanche de Novembre, « saison froide, humide et souvent neigeuse » (selon le conseil) ; elle aura lieu désormais le Dimanche de la Pentecôte.

Certains habitants font des dons ou legs ; ainsi, en 1906, un Soiséen lègue des sommes importantes : 1000 francs au bureau de bienfaisance et 500 francs à la Société de Secours Mutuel.

En 1913, le conseil s’inquiète des progrès de l’alcoolisme et du nombre croissant de débits de boissons. Il demande au Préfet de règlementer la création de nouveaux débits.

En Juin 1914, il s’avère que le propriétaire du Moulin des Noues a fait construire sans autorisation un mur sur le parapet du pont du dit Moulin. Le conseil demande au Préfet de faire démolir ce mur.

Les propriétaires successifs des Réaux et la commune ont souvent affaire ensemble. Au 18 ème siècle, le domaine appartenait à la famille d’Averton, qui le céda au comte de Cély.
Il fut revendu en 1820 à M. Mignon, entrepreneur des bâtiments du Roi sous la Restauration, qui reconstruisit la partie centrale du château (source internet: topic-topos).
En 1836 les propriétaires sont M. et Mme Legros, qui cèdent à la commune 16 ares « contigus à la Maison commune ». La même année, M. Legros autorise les seuls habitants de Soisy à prendre du sable dans le Tertre blanc, qui lui appartient.

En 1856, M. Breton et M. Breuillard possèdent ensemble les Réaux.

M. Breton en deviendra seul propriétaire en Août 1862, après une adjudication à la criée. En 1865, il signe un accord avec la commune, après un jugement du tribunal d’Etampes, réglant des querelles qui concernaient une servitude de « tour d’échelle » autour de la propriété, une servitude concernant « l’avenue des Réaux », et la propriété du chemin dit du « clos des Bordes ».

La comtesse Sophie Osmond du Tillet, héritière du fondateur de la Compagnie du Gaz, acquiert les Réaux en 1868. Son fils Edouard donnera au château son aspect actuel.
En Septembre 1894, le conseil vote des remerciements à M. le Comte Osmond du Tillet pour sa « bienveillante sollicitude pour les écoles de la commune », en raison du don d’une cloche pour les écoles, et de ses libéralités à l’occasion de la distribution des prix.


Claude Alard, conseiller municipal
Septembre 2014


Nota (rappel) : Le franc fut instauré en avril 1795 (germinal an III). Sa contrepartie métallique (argent ou or) fut redéfinie en mars 1803 (germinal an XI). Elle restera inchangée, (et le franc restera convertible en or) pendant plus d’un siècle ; mais il est très difficile d’en donner une équivalence unique en Euro. En effet, depuis le début du XIXème siècle, les coûts des produits, biens, ou services, ont évolué de façons très différentes selon leur nature. De ce fait, la contre-valeur du pouvoir d’achat du franc de cette époque peut varier, selon les cas, de 2 ou 3 Euros à 15 ou 20 Euros, voire beaucoup plus. Par exemple, comparativement à aujourd’hui, la nourriture, les habits étaient très chers ; les chevaux, le bétail étaient chers, alors que la main d’œuvre, la construction (surtout les maisons rurales, très rustiques), étaient beaucoup moins chères...