L'entrée dans les temps modernes.
Le chemin de fer : dès 1866, la commune est informée du début des études pour le chemin de fer de Malesherbes à Melun , passant par Milly la Forêt ; un embranchement est prévu vers Corbeil et un prolongement vers Meaux. Ce chemin de fer est destiné à relier transversalement trois grandes lignes alors en cours de construction : Paris-Orléans, Paris-Bourbonnais (l’Allier), et Paris-Lyon.
Le conseil municipal rappelle alors les avantages qui en résulteraient pour Soisy, et pour les 22 « usines » situées sur le cours de l’École (ou à proximité) entre Milly et son embouchure, et demande des détails sur le tracé prévu. Plus tard, en février 1870, on constate que ce projet n’a pas abouti, et qu’un second projet est étudié, qui relierait Chartres à Étampes, puis Étampes à La Ferté-Alais, Dannemois, Courances puis la vallée de L’École vers Melun. Le Conseil émet alors le vœu que ce tracé soit modifié et passe par Milly, Moigny, Courances, Dannemois, Soisy, Saint-Germain, etc...
En Août 1873, le conseil municipal confi rme son intérêt pour une ligne reliant Milly à Melun et demande qu’une station soit prévue à Saint-Germain-sur-École...
En Mars 1879, il constate que ce projet (de Chartres à Melun) a progressé. Il souligne l’avantage qui en résulterait pour le commerce de Soisy vers Paris, et cite par exemple l’expédition annuelle de 2000 quintaux de « fruits rouges », d’une valeur de 40000 à 50000 francs (voir «rappel »), ou celle de 100000 francs de produits de carrières de grès qui doivent être transportés par la route sur 16 km, afi n d’atteindre la Seine où ils sont chargés sur des chalands. Il mentionne aussi plusieurs marchands de vin en gros, qui importent et exportent chaque année environ 3000 hectolitres de vin. Le conseil émet le vœu que le tracé suive la rive droite de la vallée de l’École (mais il n’en donne pas la raison), pour desservir ses usines et ses 12000 habitants, et relie notamment Etampes, Milly, St-Sauveur, avec une gare à St-Germain.
En Juin 1881, pour favoriser ce projet, le conseil municipal offre d’acquérir à sa charge les terrains nécessaires situés sur la commune, toujours à condition que le tracé suive la rive droite de l’École...Mais il ne se passe pas grand-chose...
En Juillet 1899, on ne parle plus d’un chemin de fer, mais d’un « tramway » (c’est ainsi qu’on l’appelle alors) de Magny-en-Vexin à Boissy-Saint-Léger (tracé qui aujourd’hui pourrait paraître surprenant...). Le conseil vote le principe d’une subvention de 1000 Francs par an pendant 10 ans à condition que le tracé convienne à la commune. Deux mois plus tard, cette subvention est portée à 500 francs par an pendant 50 ans à condition que la tracé relie notamment Milly à Corbeil (en passant par Soisy...)
Finalement le Chemin de Fer de Grande Banlieue (CGB) est créé et 4 lignes sont mises en chantier : de Corbeil à Milly-la-Forêt, d’Etampes à Maisse, de Bouville à La Ferté-Alais, et d’Arpajon à Etampes. Parallèlement un autre projet se réalise, celui du Tramway Sud de Seine et Marne, dit « Tacot de Barbizon », reliant Corbeil à Melun par Perthes (il sera supprimé en 1938).
Pour la ligne qui nous intéresse, des travaux préliminaires commencent en 1900.
En Juin 1901, le conseil municipal prend acte que le Département prendra à sa charge les trois quarts du coût du « tramway » de Milly à Corbeil.; restera un quart à la charge des communes concernées par le projet. Le conseil demande au Préfet d’indiquer à combien se monterait la part des communes...
En Décembre 1902, toutes les communes concernées par le projet ont donné leur accord pour verser au Département une subvention de 500 francs par an par km de ligne ; pour Soisy, cela représentera 1260 francs par an pendant 50 ans. Le projet progresse enfi n d’autant mieux qu’il est déclaré d’intérêt public par la loi du 25 Juin 1907 ; en Février 1908, le conseil exprime un souhait pour l’emplacement de la gare : ce sera le bâtiment qui subsiste de nos jours.
En Août de la même année, alerte ! La commune de Champcueil demande que le tracé soit dévié et rapproché de Beauvais : le conseil municipal de Soisy vote une motion pour s’y opposer...En Septembre 1909, on apprend que la société concessionnaire « du tramway » (rebaptisé Chemin de fer d’intérêt local), va créer un raccordement fluvial avec la Seine à Corbeil. La commune, intéressée, accorde une subvention de 25 francs par an pendant 50 ans.
En Novembre 1910, le conseil demande, sans résultat, que le hameau de Frémigny, « où se trouvent de grosses exploitations agricoles », soit desservi par une voie de garage et un arrêt facultatif...
Ce chemin de fer à voie étroite, surnommé le « Tacot », fut finalement ouvert le 8 juin 1912. C’était trop tard ; après un bon succès initial, le trafic commença à diminuer dès le lendemain de la Grande Guerre, du fait du développement des transports routiers motorisés. Un peu relancé pendant la 2ème guerre mondiale, il sera définitivement interrompu le 1er Juillet 1949. La voie sera finalement déclassée le 6 Avril 1951.
La Poste et le Télégraphe:
En 1866, on annonce le développement d’un réseau de télégraphe cantonal (si l’on se rappelle les efforts faits à la même période pour les routes et chemins, on voit que le pays est alors en pleine modernisation) ; la commune regrette de ne pas pouvoir financer une ligne pour elle.
En mai 1870, le conseil proteste contre l’organisation de la Poste, au motif qu’une lettre venant de Paris met deux jours, dont un pour le seul trajet Milly-Soisy.
En Août 1873, nouvelle réclamation : le conseil demande, sans succès, l’ouverture d’un bureau de poste à Soisy.
En Août 1874, Soisy obtient la nomination d’un « facteur de relais », qui récupèrera le courrier chaque jour à Courances et le distribuera le jour même à Soisy.
En Mai 1873, le Conseil municipal décide, enfin, de financer le raccordement de la commune à la ligne de télégraphe passant par Nainville-les-Roches. Le télégraphe, et son bureau, sont inaugurés le 4 Septembre. L’employé du bureau télégraphique travaillera à la demande et recevra une indemnité annuelle de 200 Francs (1874).
La gérance du télégraphe se trouve ensuite confiée à l’instituteur, mais en Février 1884, les habitants se plaignent de son indisponibilité pendant les vacances scolaires. La commune demande à nouveau, en vain, l’ouverture d’un bureau de poste, ou serait installé le télégraphe.
En Juin 1892, le Préfet fait savoir que l’administration des postes accepte d’ouvrir un bureau à Soisy, à condition que la commune s’engage à fournir gratuitement pendant 18 ans les locaux nécessaires au bureau et au logement du titulaire, et à acheter un indicateur « système Thierry » (il s’agissait d’un indicateur postal qui devait être disponible dans tous les bureaux de poste). Naturellement le conseil municipal accepte, mais malgré cela, rien ne se passe. En Octobre 1898, toujours en l’attente d’un bureau de poste, la commune demande au moins la nomination d’un simple facteur-receveur de l’Etat ; cela est accepté en Août 1899, et la commune lui fournit un local, où l’on transfère le télégraphe, géré désormais par ce facteur-receveur.
Finalement, en 1903, ce local est converti en Recette des Postes de 3ème classe. La commune assurera pendant 18 ans la gratuité du local, et supportera les frais de portage à domicile des télégrammes arrivés. Le local s’avère rapidement inadapté et en Août 1909, constatant que le presbytère, qui appartient à la commune, n’est plus utilisé depuis Mars de cette même année, le conseil municipal décide de le transformer en un nouveau bureau de poste, plus vaste, en y effectuant des travaux pour 8495 francs, dont 8000 francs empruntés.
L’électricité:
En Juin 1913, le conseil envisage l’éventualité de confier à une société d’électricité, l’Omnium, l’ « éclairage de la commune et de ses habitant ».
L’eau:
En Novembre 1867, la commune est informée d’un « projet de canal devant amener des eaux de la Loire à Paris ». Elle déclare qu’elle n’est pas intéressée pour en profiter, car « elle dispose de bons puits » (sic).
En Mai 1870 débutent sur la commune les travaux de l’aqueduc de la Vanne.
En 1897, la commune accepte le passage sur son territoire de la dérivation qui conduira en souterrain vers Paris les eaux de source du Loing et du Lunain.
Les convictions des élus sont parfois mises à rude épreuve. Les régimes qui se succèdent sur une vingtaine d’année, de 1848 à 1870, demandent des gages aux élus, ainsi qu’on va le voir: en 1848, la Seconde République remplace la Monarchie de Juillet de Louis-Philippe 1er.
Louis –Napoléon Bonaparte, élu Président de la République depuis Décembre 1848, exécute un coup d’Etat le 2 Décembre 1851, par lequel il se fait attribuer des pouvoirs considérables, et modifie en conséquence la constitution ; et le 9 Mai 1852, le conseil municipal, sur invitation du Préfet, doit prêter serment à cette (nouvelle) constitution ; mais le 30 Octobre de la même année, toujours sur invitation du Préfet, le conseil municipal se déclare «...convaincu que les révolutions feront toujours le malheur de notre pays... » (sic) et émet le vœu que «...l’Empire soit rétabli en France... ».
C’est d’ailleurs ce qui advient par référendum le 2 Décembre 1852 ; Louis-Napoléon Bonaparte devient Empereur sous le nom de Napoléon III.
Peu après, le Préfet suspend le Maire, en nomme d’office un autre, extérieur au conseil municipal, et le conseil doit prêter un nouveau serment : « ...je jure obéissance à la constitution et fi délité à l’Empereur... » Et enfin, le 7 Septembre 1870, après la chute du second Empire, le conseil municipal, renommé par le (nouveau) Préfet, doit prêter le serment suivant : « Je jure obéissance et fi délité à la France ».
En 1912, un questionnaire est envoyé aux communes, pour recueillir leur avis sur une proposition de loi concernant les modifications à apporter à la loi municipale alors en vigueur (loi du 5 Avril 1884). En voici quelques questions, et les avis exprimés par le conseil municipal de Soisy de l’époque:
- Faut-il alléger la « lourde tutelle administrative » qui pèse sur les communes ?
- Oui !
- Les décisions du conseil municipal devraient elles être exécutoires sans être soumises à l’autorité préfectorale ?
- Non !
- Doit-on ouvrir une voie de recours aux citoyens contre les décisions du conseil municipal ?
- Oui, si cela est rapide !
- Doit-on continuer à élire le conseil municipal au scrutin de liste majoritaire ou changer pour un scrutin proportionnel ?
- Non ! (ne pas changer)
- Faut-il augmenter le nombre de conseillers municipaux ?
- Non !
- Convient-il d’allouer une indemnité aux maires, adjoints et conseillers municipaux ?
- Non !
Claude Alard, conseiller municipal
- Nota (rappel) : Le franc fut instauré en avril 1795 (germinal an III). Sa contrepartie métallique (argent ou or) fut redéfinie en mars 1803 (germinal an XI).
Elle restera inchangée, (et le franc restera convertible en or) pendant plus d’un siècle ; mais il est très difficile d’en donner une équivalence unique en Euro. En effet, depuis le début du XIXème siècle, les coûts des produits, biens, ou services, ont évolué de façons très différentes selon leur nature. De ce fait, la contre-valeur du pouvoir d’achat du franc de cette époque peut varier, selon les cas, de 2 ou 3 Euro à 15 ou 20 Euro, voire beaucoup plus. Par exemple, comparativement à aujourd’hui, la nourriture, les habits étaient très chers ; les chevaux, le bétail étaient chers, alors que la main d’œuvre, la construction (surtout les maisons rurales, très rustiques), étaient beaucoup moins chères...