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Monument aux morts 2.jpg

Dans un précédent article, nous avons rendu hommage à nos Morts pour la France de 1914-1918, en faisant connaître, autant que possible, ce qui leur a valu la reconnaissance de la patrie. Ce second article est consacré à ceux de la période 1939-1946.
 
Renvois * : dans ce qui suit, certains mots marqués d’un * font l’objet d’un renvoi à la fin de l’article, où leur signification est précisée. On y trouvera aussi quelques informations sur les effectifs engagés par la France dans la seconde guerre mondiale, et les pertes subies.


Sous l’intitulé « 1939-1946 », la liste de notre monument aux morts comporte 9 noms, dont celui d’un soldat américain. Voici les renseignements que nous avons recueillis, en suivant l’ordre chronologique des décès :

Maurice Yvart était né à Paris. Il appartenait au 4ème Régiment *de Tirailleurs Marocains*. Il a été tué au combat à 28 ans, le 14 juin 1940 à Pleurs, dans la Marne, quelques jours avant la signature de l’armistice du 22 juin. Ce régiment, qui s’était battu héroïquement, et avait subi des pertes considérables, fut cité à l’ordre de l’Armée.

Julien Ebenspenger : selon certaines sources, il serait né à Mala-Polung (Indonésie) (voir le site « Memorialgenweb »). Il était légionnaire dans le 2ème Régiment de Marche de Volontaires Etrangers (2ème RMVE). Fait prisonnier, il mourut à 35 ans, le 18 Septembre 1943, des suites de maladie, dans le camp de prisonniers de guerre d’Oberaudorf, en Bavière.
Ce régiment avait été créé le 24 octobre 1939. Le 25 février 1940 par changement d'appellation, il devient le 22e RMVE. En avril 1940, le régiment est au camp du Larzac pour poursuivre son instruction. Au début du mois de mai,  il est en Alsace et le 19 mai, il rejoint la Somme au sud de Péronne. Du 22 au 26 mai, il y défend la route de Paris. Le régiment se bat avec une extrême détermination, mais il est anéanti par les chars allemands. Les soldats épuisés refusent de se rendre, et se battent au corps à corps jusqu'à ce qu'il ne reste plus que 800 hommes valides, sur un effectif d’environ 2 500. Les Allemands rendent les honneurs aux survivants faits prisonniers. (D’après Fred Samuel, « Mémoires d'un joaillier » éditions du Rocher, 1992, cité par Wikipédia). Le régiment fut dissous en juillet 1940.

Henri Nivelet était né à Soisy-sur-Ecole. Il avait été requis pour le STO, le service du travail obligatoire,  créé par la loi du 16 février 1943, et envoyé cette même année pour travailler en Allemagne. Il est décédé à Brème, le 15 avril 1944, à 22 ans.
 
Henri Larivière était né en Belgique, et de nationalité belge ; il résidait et travaillait à Soisy-sur-Ecole. Il fut victime d’une terrible méprise, le 30 juin 1944, à l’âge de 54 ans.  Il convoyait un chargement de bois (ou de blé  selon un autre témoignage) et, dans la matinée, se trouvait à l’entrée du village d’Auvernaux. Le convoi, tiré par des chevaux,  fut pris pour cible et détruit par l’aviation alliée, anglaise ou américaine, qui l’avait confondu avec un convoi allemand.
 
Jean Bonnafé, Ernest Loste, et Antonio Annibali, sont tous trois morts le 22 août 1944, jour de la libération de Soisy.
 

Ce jour là, une colonne de chars américains arrive par la route de la Ferté-Alais. Elle traverse  le village vers 14 heures, en direction de Melun. Une trentaine d’Allemands occupent encore le parc et le château des Réaux , où se trouvent  bloqués des civils français, principalement des femmes et des enfants. Une fusillade éclate de part et d’autre de la place de la mairie.
Jean Bonnafé (un ancien combattant des deux guerres, plusieurs fois décoré), prend l’initiative d’entrer dans le parc des Réaux par la petite porte  proche de  la Mairie, pour mieux évaluer la situation. Il est immédiatement abattu par un tireur allemand.
Le maire, Ernest Loste, décide alors de se rendre au château pour parlementer et essayer d’arrêter le combat; il franchit la même porte et il est lui aussi immédiatement abattu. Un infirmier Américain, Antonio Annibali, tente de les secourir, et il est de même mortellement touché ; c’est pourquoi son nom figure sur notre monument avec la mention « La commune reconnaissante ».
Les Américains envoient alors un char, qui force la grille de l’entrée principale du parc, et qui  avance vers le château, accompagné par des résistants. Ils font quelques prisonniers ; la plupart des Allemands viennent tout juste de s’enfuir, abandonnant du matériel et des explosifs.


Lucienne Vucher (née Carré) était née à Dannemois, et habitait Soisy-sur-Ecole ; elle a été déportée, vraisemblablement pour faits de Résistance, au camp de concentration  de Ravensbruck, au nord de Berlin, dans un convoi parti de Pantin le 15 août 1944, à peine dix jours avant la libération de Paris.  Elle y est décédée  le 30 mars 1945, à 43 ans, un mois avant la libération du camp par l’armée russe.


André Lemarchand
 était matelot-fusilier dans le1er RFM (régiment de fusiliers marins). Il est décédé à 19 ans, le 8 Avril 1946, à Saïgon, en Cochinchine (aujourd’hui Ho-Chi-Minh-ville, au Vietnam), « au cours d’une pyrotechnie » ; nous n’avons pas d’autres précisions sur son décès. Son nom figure aussi sur le monument aux morts de Mondeville, où il était né.

M. Maurice Marmier, citoyen d’honneur de Soisy, disparu en 2016, a laissé un document, « Historique sous l’occupation 1942-1944 » ; il y cite André Lemarchand parmi les membres du groupe de Résistants de Soisy sur Ecole en Août 1944. Il indique également que plusieurs de ses camarades se sont, comme lui-même, engagés volontairement le 7 Septembre 1944, pour la durée de la guerre. André Lemarchand en faisait sans doute partie. Quoiqu’il en soit, il se retrouve au sein du 1er RFM ; ce régiment était intégré à la 1ère DFL (1ère Division de la France Libre). A la fin de la guerre, en août 1945, après la capitulation du Japon, la 1ère DFL est dissoute. Le 1er RFM est remis à la disposition des autorités navales en Cochinchine avec le CEFEO (Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient), sous les ordres du général Leclerc, pour tenter de mettre fin aux troubles qui naissaient en Indochine, après le retrait des Japonais.
 
On ne parla pas de « guerre d’Indochine » avant Novembre1946, lorsque le conflit larvé qui opposait la France et le Viet-Minh sur l’avenir de l’Indochine se transforma en conflit ouvert, après l’échec de la conférence de Fontainebleau. Jusque là les évènements d’Indochine étaient considérés comme une suite de la guerre de 1939-1945 ; c’est ce qui explique l’intitulé sur notre monument aux morts : « Guerre 1939-1946 ».

 INDOCHINE

Il est juste de citer le nom de :
 

Fernand Marcel Larivière, bien qu’il ne figure pas sur le monument aux morts de Soisy-sur-Ecole, où il était né, mais sur celui de Mennecy, où il était domicilié. C’était le fils de Henri Larivière, lui même tué le 30 Juin 1944 (voir ci-dessus). Il était caporal-chef * au 4ème Régiment de Tirailleurs Marocains. Il mourut le 8 Avril 1950, à 28 ans, à l’hôpital militaire de Tourane, alors dans l’Annam en Indochine (aujourd’hui Da-Nang au Vietnam), des suites de blessures reçues dans des circonstances que nous ne connaissons pas.
 

Renvois *
*Le Régiment : les soldats, outre leur propre matricule, sont caractérisés par leur appartenance à un régiment, dont le numéro figure d’ailleurs sur le revers du col des uniformes. L’effectif théorique d’un Régiment d’infanterie (R.I.) en 1939-1940, après la mobilisation, est d’environ 80 officiers et 3.000 sous-officiers et hommes de troupe
*Les Régiments de Tirailleurs : en 1939, il s’agit de régiments cantonnés outre-mer et composés essentiellement de soldats recrutés localement, mais ou se trouvaient aussi des métropolitains (engagés volontaires et encadrement).
*Le caporal, et le caporal-chef, sont des hommes de troupe qui dirigent une escouade (une quinzaine d’hommes).

Effectifs engagés et pertes:
Les effectifs engagés: en Septembre 1939, au début de la guerre, 5.000.000 hommes sont mobilisés dans les armées françaises ; de même qu’en 14-18, environ la moitié rejoindra des unités combattantes.
Les pertes militaires : les estimations varient entre 180.000  et 240.000 morts pour la totalité du conflit, dont au moins 60.000 pendant les 6 semaines de la campagne de Mai-Juin 1940, 60.000 par la suite, 20.000 lors des actions de la Résistance, 20.000 à 40.000 décédés dans les camps de prisonniers de guerre.
Les pertes civiles : Les estimations varient entre 230.000 et 330.000 morts, dont, au moins : 30.000 morts dus aux combats de 1940, notamment pendant l’exode, 70.000 par suite des bombardements alliés (particulièrement en 1944), et 130.000 soit morts en déportation, soit fusillés, ou tués en France par les Allemands lors d’opérations dites de « représailles ».

 

Sources  et remerciements:
On trouvera à la fin du précédent article, consacré aux Morts pour la France de 1914-1918, l’indication des principales sources d’information disponibles. Nous remercions vivement les habitants de Soisy-sur-Ecole qui ont bien voulu nous faire part des renseignements, familiaux ou autres, dont ils disposaient. Les informations que nous avons recueillies ne sont d’ailleurs pas exhaustives, et nous remercions par avance toutes les personnes qui nous permettront de compléter cet hommage que nous avons souhaité rendre à nos Morts pour la France.


Claude ALARD, conseiller municipal
Le 5 octobre 2018