Niki en plein travail à la Ferme de Limery
Pour les amateurs d'art, on ne présente plus Niki de Saint Phalle.
Mais qui se souvient qu'elle fût un temps une habitante de Soisy?
Elle laisse derrière elle, outre son oeuvre artistique très riche, deux maisons décorées par ses soins et quelques souvenirs dans la tête de certains Soiséens.
Mais au fait, qui était Niki de Saint Phalle?
Petite biographie à l'attention des profanes...
C'est en 1930 à Neuilly-sur-Seine dans les Hauts de Seine que naît Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle.
Mais c'est aux Etats-Unis qu'elle suivra sa famille à la suite d'un crack boursier.
Elle débute sa carrière artistique comme mannequin pour "Vogue", "Life" et "Elle", s'essaye même à la comédie pour un temps et commence à peindre en 1952, tout cela sans aucune formation artistique.
Elle réalise en 1961, les Tirs, qui signeront l'entrée de Niki de Saint Phalle dans le monde de l'art et la lanceront sur la scène artistique internationale. Il s'agit de tirer à la carabine sur des tubes remplis de couleurs, qui vont éclabousser des toiles posées à cet effet. Cette performance artistique lui permet d'extérioriser les démons de son passé et d'intégrer les membres du groupe des Nouveaux Réalistes comme Gérard Deschamps, César, Mimmo Rotella, Christo et Yves Klein.
En 1963, elle s'installe à Soisy sur Ecole avec son nouveau compagnon, Jean Tinguely, créateur de machines artistiques. C'est dans cette ancienne auberge située Grand Rue, face au Tabac-Presse actuel, que Niki va entamer l'exploration des thèmes de la féminité, de la maternité et des différentes représentations artistiques de la femme. Elle le fera au travers de ces Nanas, poupées grandeur nature faites de laine, de fil et de tissu, posés sur des armatures métalliques grillagées. Jusqu'à la fin elles signeront son oeuvre dans le monde entier. Elles se transformeront au fil des ans, passant de grandes à géantes et même monumentales et troquant le tissu pour du polyester. Polyester qui lui causera des troubles asthmatiques et respiratoires dus à l'inhalation de vapeurs et de poussières.
Suivront une vingtaine d'années au cours desquelles Niki de Saint Phalle va produire ses oeuvres partout dans le monde. Devenant tour à tour, architecte, scénariste, costumière et décoratrice de théâtre. Nous lui devons entre autres, la Nana monumentale du Musée Moderne de Stockholm en 1966: le public pourra rentrer à l'intérieur et trouvera un espace documentaire et une vidéothèque. En 1969 débute la construction du Cyclop à Milly-la-Forêt. Il s'agit d'une tête de cyclope géante, qui mesure 22 mètres de haut, à l'intérieur duquel se trouvent des machines et des engrenages compliqués. Il est possible de le visiter depuis 1994. Le Golem à Jérusalem en 1971 : Sculpture géante pour enfants, symbolisant la réconciliation entre les 3 religions, juive, chrétienne et musulmane.
La même année, c'est le Maire de Soisy, Mme Edith Marmier, qui les marient.
Puis c'est la Maison du Dragon en Belgique, en 1972. L'intérieur y est organisé comme une véritable maison avec des meubles créés par Jean Tinguely. En 1978, en Italie, elle entame la construction du Jardin des Tarots. Elle mettra plus de vingt ans à l'achever. Le résultat dépassera de loin le projet initial puisque chacune des cartes les plus importantes du Tarot est représentée.
Avec Jean Tinguely, elle produira entre autres, le Cyclop à Milly-la-Forêt, la fontaine Stavinski au Centre Georges Pompidou, la fontaine de Chateau-Chinon et le Jardin des Tarots en Toscane.
A partir de 1983, Niki de Saint Phalle va utiliser des céramiques en plus des fragments de miroirs pour recouvrir ses oeuvres. Elle avait coutume d'expliquer ce choix de matières par le fait d'avoir habité dans une maison rempli de miroirs dans lesquels sa mère avait l'habitude d'admirer ses plus beaux habits. De plus, cela créait un contraste avec les obscurs mécanismes cachés à l'intérieur, sous ces façades étincelantes.
Très engagée dans l'association AIDS, elle écrit et illustre un livre sur le SIDA en 1986.
Jean Tinguely meurt en 1991 et quelques années plus tard, en 1994, Niki part s'installer en Californie, à San Diego. Elle y créera un atelier qui s'occupera de la taille des miroirs, du verre et des pierres qu'elle utilise de plus en plus pour ses sculptures à la place de la peinture et qui contribue à l'expérimentation tactile de ses oeuvres par le public.
En 1998, ouverture officielle du Jardin des Tarots.
Dans son enfance, lorsqu'elle vivait aux Etats-Unis, Niki a assisté à des scènes racistes. Pourtant, dès les années 60, elle crée des Nanas de toutes les couleurs et plus tard, en 1999, elle commence une série de Héros noirs, en hommage à différents personnages afro-américains tels que Miles Davis, Joséphine Baker, Louis Armstrong ou Michael Jordan. La série est dédiée à ses petits-enfants métis descendants des 2 enfants qu'elle a eus d'un premier mariage.
En 2000, elle reçoit le Prix Impérial qui équivaut au Nobel pour les Arts. Plusieurs de ses oeuvres peuvent être contemplées au Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain de la ville de Nice.
Elle décède en 2002.
" Moi je montrerai. Je montrerai tout. Mon cœur, mes émotions.
Vert - rouge - bleu - violet. Haine - amour - rire - peur - tendresse. "
Florence Petitjean.
Décembre 2009